« Qui a la vue courte, doit regarder de près »
Proverbe chinois
Un aéronef est dit évoluer « hors vue directe » lorsque le télépilote est dans l’incapacité de maintenir un contact visuel continu sans aide avec son appareil.
Télépiloter un drone sans le voir est possible, et nous appelons cela le vol hors vue – en dehors de notre vision – ou BVLOS. Le vol en vue est quant à lui appelé VLOS, et signifie que le télépilote garde en permanence une vue directe sur son drone.
Quels sont les avantages et inconvénients du vol hors vue pour un drone ? Quelle est la règlementation spécifique à ce type de vol ? Les experts d’Aero Training Academy vous expliquent tout ce qu’il faut savoir sur ce pilotage particulier.
Avantages du vol hors vue :
C’est idéal lorsque l’on fait de l’observation lointaine et que nous n’avons plus la possibilité de voir le drone à cause de la distance.
En effet, au-delà de 200 mètres le drone n’est souvent plus du tout visible.
Pour le travail d’inspection et d’observation sur de longues distances, pas au-delà de 1000 mètres max, c’est une solution adaptée.
Par exemple, lors de l’inspection technique de suivi de gazoduc, de lignes électriques, pour de l’agriculture de précision, les distances de captation importantes font que le drone n’est plus visible directement et le vol hors vue prend son sens.
Le télépilote peut utiliser un écran vidéo sur sa radio ou déporté, il peut aussi utiliser des lunettes d’immersion (FPV) permettant de piloter le drone avec la vue directe de la caméra embarquée.
Autre exemple, lorsque la végétation et / ou le relief ne permettent pas de s’approcher au plus près de l’élément à inspecter et que le drone n’est plus visible par le télépilote lors de l’inspection, alors le vol hors vue est utilisé.
Inconvénients du vol hors vue :
Le hors vue est règlementé et impose d’avoir des drones homologués pour ce scénario de vol spécifique.
Le BVLOS requiert également une notification préalable avant de voler.
Suivant le lieu où nous nous trouvons pour faire évoluer notre drone, nous ne pourrons donc pas forcément utiliser la méthode du vol hors vue.
Règlementation :
En France le vol hors vue correspond au scénario S2.
C’est un vol du drone hors vue directe du télépilote, hors agglomération, à une hauteur maximum de 50 mètres et une distance horizontale du télépilote de 1 km maximum (1000 mètres) pour un drone ne dépassant pas 25 kg.
La hauteur peut être augmentée jusqu’à 120 mètres si le drone pèse moins de 2 kg.
Si vous aviez l’habitude de voler en scénario S2 avec la règlementation française, alors vous serez probablement amené à voler selon la catégorie spécifique STS-02 de la nouvelle réglementation Européenne.
Les drones pour évoluer dans ce scénario doivent être obligatoirement homologués S2. Pour ce faire, les constructeurs font la demande d’homologation auprès des services de la DGAC qui leur délivrent une attestation de conception de type.
Cela implique que les drones soient équipés d’un module coupe-circuit, qui permet la coupure des moteurs, indépendant de la radio.
Ce module de coupe-circuit doit être accessible au télépilote en permanence. Dans certains cas, il peut s’agir d’un bouton de déclenchement porté en médaillon autour du cou ou au poignet, ou d’un boîtier de commande supplémentaire fixé sur la radiocommande.
Son bon fonctionnement doit pouvoir être testé au sol avant vol.
Il est également exigé que le contrôleur de vol puisse enregistrer toutes les données des 20 dernières minutes de vol. Le drone doit être géolocalisé sur une carte, permettant de savoir en permanence où se trouve la machine.
Les données de distance depuis le point de décollage, de hauteur de vol, de niveau de batterie, de niveau de réception radio et satellites doivent être accessibles et visibles à tout moment par le télépilote.
De même, des barrières virtuelles, aussi appelées geofence, doivent être paramétrables tant en hauteur qu’en distance du point de décollage, afin de garantir que le drone ne sortira pas de la « box virtuelle de sécurité » en lien avec la règlementation.
La box virtuelle de sécurité se définit en figurant le dessin d’une boîte dans l’espace où le drone doit voler, avec pour dimension la hauteur maximum du vol depuis le sol et les distances maximum programmées depuis la zone de décollage : le drone ne pourra donc pas franchir ces barrières virtuelles, ce qui garantira la sécurité de la mission.
Ainsi, puisque la limite du scénario S2 est de 1000 mètres du point de départ du drone et 50 ou 120 mètres de hauteur suivant la masse au décollage, alors le drone devra signaler qu’il est en bout de périmètre et s’arrêter afin de ne pas dépasser la limite virtuelle programmée.
Dans le scénario S2, aucun tiers, c’est-à-dire aucune personne étrangère à la mission, ne peut être survolé à moins d’une distance horizontale minimale fixée par la réglementation.
En cas de vol hors vue (S2), la zone d’exclusion des tiers associée à la trajectoire du drone doit être vide pour toute la durée du vol.
Lorsque le vol hors vue en scénario S2 est prévu, il faut faire une notification préalable avant de réaliser sa mission et la demande se fait par le biais du portail Alpha Tango dans un délai de 48 h avant la mission au plus tôt et au plus tard le jour J avant 6 h du matin.
Ne pas confondre vol hors vue et vol en immersion !
Le vol en immersion est comme son nom l’indique, un vol qui permet de piloter son drone comme si nous étions à l’intérieur car la caméra que nous utilisons pour piloter est installée directement sur le drone.
Le télépilote utilise un masque ou casque FPV, First Person View, signifiant vue à la première personne, et ne voit donc plus du tout l’environnement extérieur ni le drone.
Dans ce cas il est alors possible de piloter son drone malgré l’absence de visibilité pour le pilote, et ce pour les scénarios S1 et S3. Il doit dans ce cas y avoir un deuxième télépilote qui pilote le drone en vue directe.
Voici ce que dit la règlementation :
- Un aéronef sans personne à bord utilisé dans le cadre d’un scénario « en vue » peut être piloté par une personne n’ayant pas la vue directe sur l’aéronef (vol dit en « immersion ») sous réserve qu’une autre personne conserve à tout instant l’aéronef en vue directe
C’est cette seconde personne qui est réglementairement considérée comme le télépilote et qui est, à ce titre, chargée d’assurer la sécurité du vol.
Elle doit aussi être télépilote professionnel de drone et disposer des autorisations règlementaires nécessaires.
Le deuxième télépilote doit soit disposer de sa propre commande, ou à défaut, être en mesure à tout instant d’accéder au système de commande, dans des conditions permettant de maintenir la sécurité du vol.
Cela permet d’avoir la vue directe de la caméra du drone et de cibler précisément la captation pour avoir le résultat escompté par le pilote en immersion, tout en restant maître de l’environnement et de la sécurité du vol par l’aide du second télépilote. Toutefois cela nécessite deux pilotes professionnels de drones à chaque mission, ce qui est plus contraignant, et plus cher pour une prestation.
Pour le vol hors vue c’est donc le scénario S2 qui s’applique.
Cela implique les homologations et les autorisations nécessaires pour voler en dehors d’une zone peuplée.
Mais le vol hors vue est utile dans certains cas et facilite la vie des télépilotes professionnels qui sont amenés à effectuer des missions impliquant de la distance entre le point de décollage et l’endroit de captation souhaité, lorsque le vol en vue n’est pas possible.
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Fred
Juillet 2022
